Ici, le weekend, c’est le vendredi le samedi
Prologue
Nouveau pays, nouvelles habitudes suis-je tenté de dire. Et pour cause, l’adaptation à une nouvelle vie à des milliers de kilomètres de chez soi n’est pas chose aisée. Loin de là ! Surtout lorsque tu te trompes constamment sur les jours de week-end et que tu dois faire une révolution linguistique pour converser et te fondre dans la masse.
Ici le week-end, c’est vendredi-samedi et la semaine commence le dimanche. Pour moi qui ai eu l’habitude de commencer mes semaines le lundi et d’avoir mon week-end le samedi et le dimanche, c’est un réel chambardement. Je m’embrouille ! Je prends le dimanche pour le lundi, le lundi pour le mardi, le mardi pour le mercredi… et c’est comme ça toute la semaine !
Ici, il n’y a que des gratte-ciels. Pour vous dire que les habitations sont faites tout en hauteur. Ce qui n’est pas une mince affaire si on n’est pas fan d’altitude. Du 11ème étage de l’immeuble où j’habite, je me retrouve souvent à regarder en bas par la fenêtre ou à étendre mon linge sur le balcon. Je m’arme alors de beaucoup de courage pour ne pas avoir le vertige, et pour calmer ma frayeur : celle de tomber dans le vide. Il faut également être toujours prêt à se plier à l’ascension du « Mont Escalier » lorsque l’ascenseur est en panne.
Ici, les cafétérias, les restaurants font florès, sont légions et sont souvent bondés. La plupart a le wifi et sert du thé et du café. On y fume aussi la chicha. Ici c’est « Salé sucré » comme l’indique le nom du restaurant devant lequel je passe souvent. Quand la nourriture n’est pas trop sucrée, elle est salée, et vraiment trop aigre parfois !
Ici, que tu le veuilles ou non, tu seras fumeur passif. Ton interlocuteur ne te demandera pas la permission avant d’allumer sa cigarette sous ton nez. Le chauffeur du bus, hermétiquement fermé, en fera autant ; de ses passagers, il n’en a cure.
Ici, c’est comme un grand marché, il y a beaucoup de commerçants et de revendeurs. Il y a pratiquement tout. Les fruits et beaucoup d’autres choses sont vendus au kilo. Les échoppes sont ouvertes jusque tard le matin. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est bruyant. L’appel à la prière est régulier, tout au long de la journée.
Ici, il faut parler surtout l’arabe dialectal et dans une moindre mesure l’anglais. Avec le français, vous n’avez pas de chance, à moins de tomber par hasard sur un francophone. Lorsque tu te retrouves en face d’un interlocuteur arabe, les signes, les gestes et Google traduction peuvent être d’un grand secours. La photo d’un produit que tu veux acheter l’est également.
Ici, les filles et les garçons sont super stylés. Même voilées (elles ne le sont pas toutes), les filles sont par exemple souvent en jean slim moulant avec des baskets ou des sneakers en tous genres. Comme le dit la chanson, elles sont toutes « belles belles belles ». Très peu d’entre elles portent le voile intégral. Les garçons sont moins en djellabah qu’on aurait pu l’imaginer. Ils aiment plutôt les pantalons et jeans slim, les jolies chemises, t-shirts, polos ainsi que les chaussures de classe et de sport.
Ici, sur les routes, ce n’est pas comme à Lomé, il y a surtout des voitures et des bus (mini et longs), des calèches aussi, mais très peu de motos (voire presque pas !). C’est donc tout le contraire de Lomé. Ici les taxis sont noirs et jaunes. Leurs conducteurs ne font pas toujours preuve d’honnêteté, vous pouvez par exemple faire un prix au départ de « fourteen « (14) pounds. A l’arrivée, il te dira que ce n’est pas « fourteen » mais « fourty » (40) et que tu n’avais pas bien entendu ! Il s’en suit forcément de longs pourparlers pour aboutir in fine à un prix à l’amiable.
Ici, tu trouveras des chats grassouillets pratiquement à tous les coins de rues. Ici, on te demandera si tu es soudanais ou si tu viens d’Afrique. Ici, on t’appellera « Habibi » qui veut dire littéralement « chéri(e) ». Mais c’est plutôt une façon affective et sympathique d’appeler les gens. Ici, c’est Khaled Ebn El Walid. Ici, c’est Miami. Pas celui des Etats-Unis hein ! Ici, c’est Asafra. Ici, c’est Momen. Ici, c’est Fleming. Ici, c’est El Mansheya. Ici, c’est Alexandrie. Ici, c’est le pays des pharaons. Je veux dire l’Egypte.
Epilogue
C’est depuis Alexandrie (nord de l’Egypte) – vous l’aurez compris, la ville portuaire et cosmopolite projetée par Alexandre le Grand et développée par Ptolémée 1 – où je poursuis mes études supérieures à l’Université Senghor, que je vais désormais animer ce blog. Et ce n’est pas pour rien -je dois avoir des dons prémonitoires (rires) – que le slogan de « Lomé Inside » est : « Lomé vu de l’intérieur et parfois de l’extérieur à travers ma plume ». Ça fait maintenant plus de deux mois, bientôt trois, que je suis ici. La vie d’ici me plaît, mais elle est aussi difficile, différents sentiments qui cohabitent en moi… Je ne vous cacherai pas que j’ai le mal du pays. Je viens donc de vous livrer mon premier billet sur ma nouvelle vie ici. Puisse l’inspiration m’aider à en faire une série !
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