Sonya Tomegah au pays de la création
Née à Lomé il y a 30 ans, Sonya Tomegah est une entrepreneuse passionnée avec trois principales casquettes. Le monde de la création est là où elle exprime le mieux son talent d’architecte junior et de créatrice d’accessoires en wax et en textile africain. Discrète, dynamique et ouverte d’esprit, elle est perçue comme une professionnelle honnête, gentille et de bonne humeur.
Amoureuse de la vie comme elle se définit elle-même, diplômée de l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’urbanisme (EAMAU) de Lomé, titulaire d’un Brevet de Technicienne Supérieure (BTS) en Arts appliqués spécialité Design d’espace au lycée des Métiers de l’habitat et de l’aménagement urbain Adolphe Cherioux de Vitry sur Seine en France après l’obtention d’un bac Economique et Social, Sonya Tomegah a une vie professionnelle bien remplie. « Très tôt, j’ai su que je travaillerai dans le milieu de la création sans pour autant savoir exactement vers quelle branche me tourner » confie-t-elle. « J’ai trois casquettes principales » opine Sonya. Car celle dont le parcours et le cursus ont tourné autour de formations relatives à la création a fini par trouver non sa voix mais ses voix : celle de la raison, celle de la passion et celle du cœur.
« Toutes ces activités font mon équilibre »
« L’architecture, l’architecture d’intérieur (à ne pas confondre avec la décoration d’intérieur) sont mes choix de raison, le gagne-pain sur lequel je pourrai compter quoi qu’il arrive… » explique Sonya qui travaille en association avec deux de ses aînés dans le domaine avec autour d’eux une équipe de dessinateurs et d’ingénieurs.
« Nyah’s Touch » en abrégé NT, l’entreprise qu’elle a lancée il y a cinq ans, qui promeut « le textile ayant fait ou faisant partie de l’histoire africaine « et qui crée des accessoires à base de wax ou de textile africain (cuir, bogolan, danfani, kenté, etc.) est sa passion. « NT pour moi, déclare Sonya, c’est une chose naturelle. Je ne peux pas voir un bout de tissu à côté de moi sans en faire quelque chose ». Elle affirme par ailleurs que « ne pas créer NT aurait été pour moi l’équivalent de renoncer à ce que je suis ».
L’école la Madone (maternelle, primaire et collège) fondée par sa maman il y 31 ans et où elle donne des cours d’arts plastiques aux classes du collège est enfin son choix de cœur pour pérenniser la « belle initiative » de sa maman qui n’est plus. « (…) Toutes ces activités font mon équilibre et me rende heureuse. J’ai déjà essayé de me séparer de l’une d’entre-elles. Impossible. J’y reviens toujours » explicite Sonya.
« Râleuse, paresseuse par moment, égoïste de mon temps (…) »
Décrite comme une grande professionnelle honnête, gentille et de bonne humeur, Sonya est à la fois discrète, dynamique et ouverte d’esprit. A en croire certains, elle n’hésite même pas à passer des nuits blanches pour satisfaire ses clients. A la qualité, elle tient beaucoup. « J’essaie surtout de donner tout ce que j’ai de meilleur en moi, d’être la meilleure version de moi-même » souligne l’architecte d’intérieur avant de reconnaître qu’elle n’est pas infaillible, que la perfection n’étant pas de ce monde, elle a aussi comme tous, beaucoup de défauts par rapport au portrait parfois idyllique que les gens dressent d’elle.
Sonya est aussi « râleuse » et « paresseuse par moment ». « Egoïste de mon temps » comme elle l’avoue elle-même, elle est sévère pour les uns et aussi critique pour les autres. « C’est souvent l’inspiration de dernière minute qui occasionne les nuits blanches ou les nuits charrette comme cela se dit dans le jargon des architectes » affirme Sonya. Les commandes pressées peuvent en être également la cause. Cela ne semble guère déranger Sonya. « J’ai l’habitude de ne pas me plaindre du travail supplémentaire ou sous pression. C’est une grâce d’avoir du travail et de pouvoir faire ce que l’on aime. Dans ces moments-là, je retrousse mes manches, je mets de la bonne musique et je fonce » indique cette âme sensible à la musique classique et à la salsa cubaine.
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« Il est peut être facile de démarrer mais c’est faire perdurer son entreprise qui reste le plus dur »
Sonya Tomegah est à une étape où elle doit évoluer et trouver de gros financements pour Nyah’s Touch. Jusque-là, elle finance NT avec sa principale activité d’architecte. « Il est clair, avoue-t-elle, que si je veux développer NT, je dois y mettre plus de moyens ». » Il ne faut pas se leurrer » lâche-t-elle avant de poursuivre: « Je dirai qu’il peut être facile de démarrer. Mais c’est faire perdurer son entreprise qui reste le plus dur ». « En ce qui me concerne, c’est beaucoup de sacrifices. Tu injectes beaucoup de temps, d’argent sans pour autant avoir de résultats immédiats » révèle Sonya qui a plusieurs pistes en tête et réfléchit à la meilleure tactique à adopter. Elle ne compte pas les nombreuses fois où elle a voulu arrêter l’aventure avec NT car le jonglage entre le meilleur business model, la gestion de la comptabilité et les impôts n’est pas une sinécure. « Vous n’aviez pas fini d’entendre parler de Nyah’s touch » lance-t-elle. Pour l’instant, elle savoure dès qu’elle le peut un verre de Gewurztraminer tout en écoutant « Le clair de lune » de Claude Debussy : un de ses moments « priceless » et « juste exquis ».
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