CAN 2017 : Agassa Kossi, le bouc émissaire

Article : CAN 2017 : Agassa Kossi, le bouc émissaire
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25 janvier 2017

CAN 2017 : Agassa Kossi, le bouc émissaire

« La défaite est orpheline, la victoire a mille pères ». Cette citation cadre bien avec la déconvenue des éperviers du Togo vendredi dernier 1 but contre 3 face aux lions de l’Atlas du Maroc. Durant ce match, le portier togolais, Kossi Agassa (38 ans) s’est rendu plus ou moins coupable sur deux des trois buts que le Togo a encaissé. 

Cette confrontation a une fois encore révélé au grand jour les tares ou les lacunes que traîne, depuis quelques années, l’ex-gardien du Stade de Reims. C’est un secret de polichinelle : Agassa, qui plus est, sans club, n’est pas une assurance tous risques dans la défense togolaise. Il a toujours eu du mal à soigner ses sorties sur coups de pieds arrêtés.

 

Bonjour Tout le monde,Je voudrais rassurer les Togolais que ma maison se trouvant à Adakpame n as pas pu être saccagée…

Publiée par Agassa Kossi Officiel sur Samedi 21 janvier 2017

 

Réduisant la longue carrière du goal togolais en équipe nationale à ce match, des pseudos supporters ont voulu s’en prendre à la maison de ce dernier à Adakpamé. L’ex-gardien de l’Africa Sports d’Abidjan est devenu le coupable ou le bouc émissaire tout trouvé de cette défaite et par ricochet de la CAN 2017 ratée du Togo. Agassa doit-il en endosser toute la responsabilité ? Le mal n’est-il pas plus profond qu’on ne le pense ?

 

Une équipe faible par rapport à ses adversaires

 

Avec la Côte d’Ivoire, le Maroc et la RDC, le Togo était considéré, à raison si l’on se réfère au classement final de la poule C, comme le petit poucet ou la lanterne rouge du groupe. Sur le papier, les adversaires du Togo partaient logiquement et largement favoris. Au dernier classement FIFA, le Togo est 90ème mondial. La Côte d’Ivoire, la RDC et le Maroc sont respectivement 34ème, 49ème et 57ème. Sur le plan africain, le Togo 23ème ne fait pas mieux face à la Côte d’Ivoire 2ème, la RDC 6ème et le Maroc 10ème.

Que peuvent donc des joueurs togolais sans clubs (Agassa Kossi et Emmanuel Adébayor), de 5è division en France (Tchagouni Baba et Cedric Mensah), pas réguliers dans leurs clubs  face à des joueurs ivoiriens, marocains et congolais qui jouent les premiers rôles dans leurs clubs en Europe ou même en Afrique? C’est un faible Togo qui s’est rendue à la CAN Gabon 2017 après un stage de 10 jours au Sénégal ponctué par une victoire 3-2 sur Diambars FC, une équipe de première division sénégalaise.

Comme si c’était suffisant, le Togo se targuait de pouvoir jouer le rôle de troubles fêtes. Il se disait également que le Togo était capable du miracle et répondait généralement présent là où on l’attend le moins. Balivernes ! Devant l’optimisme des autorités togolaises qui voyaient le Togo en final et rentrant même avec la coupe à Lomé, le coach Claude Leroy sachant sûrement les forces et les faiblesses de son équipe et appréhendant les forces en présence opposait une réserve calculée et raisonnable. Ne pas mettre les moyens, ne pas travailler pendant que ses adversaires s’étant levés tôt continuent par fourbir leurs armes et vouloir réussir frise l’insulte, l’absurde et même la sorcellerie.  Le temps des miracles n’est-il pas révolu ? Peut-on continuer par ne rien semer et vouloir récolter des fruits ?

 

Absence de vision pour le football togolais

 

« Il faut comparer des choses comparables » dit-on souvent. Se hasarder à comparer le championnat de football de première division du Togo à ceux de la Côte d’Ivoire, de la RDC et du Maroc serait risqué. Il n’y a vraiment pas photo. La D1 togolaise a toujours brillé par son irrégularité. Elle a repris cette année après deux ans de traversée du désert liée à des querelles intestines et de personnes à la Fédération togolaise de football (FTF). Les clubs togolais ne vont pas généralement loin en coupes africaines. Ils dépassent rarement les phases préliminaires, celles qui permettent d’entrer en poule. Les clubs congolais (Tout Puissant Mazembé et l’AS Vita Club), marocains (FUS de Rabbat) sont des vainqueurs réguliers des coupes africaines depuis plusieurs années. Ni professionnelle ni semi-professionnelle et dans les méandres de l’amateurisme, la D1 togolaise ne nourrit pas réellement son joueur.

Le Togo ne dispose pas d’une équipe nationale locale digne de ce nom. Sa piètre prestation au dernier tournoi de l’UEMOA organisé à domicile en dit long sur les performances de l’équipe. Le Togo ne dispose pas non plus d’équipes cadette, junior et espoir. Elles sont souvent composées à la hâte et souvent à la veille des éliminatoires des compétitions. Lorsqu’elles existent, elles ne bénéficient pas de suivi. En témoigne le traitement réservé à la belle génération des cadets arrivée jusqu’en finale de la CAN 2007 de la catégorie. Tout est misé sur l’équipe A.

Dans les pays de la sous-région ouest-africaine, l’accession à l’équipe première est plus ou moins conditionnée au passage dans les catégories inférieures. La participation aux compétitions continentale et internationale concernant ces catégories sont aussi une priorité autant que celles de la sélection A. Au Togo, on navigue à vue. On attend des exploits sans mettre les moyens. On pense qu’on peut sauter les étapes. On pense qu’on peut avoir une équipe nationale compétitive sans un championnat compétitif. On pense que des joueurs togolais (des binationaux évoluant dans des divisions inférieurs pour la plupart)  formés par leurs propres moyens ou par d’autres, prêts à utiliser se trouvent en Europe et constitue un vivier dans lequel on peut puiser à satiété. On pense que ce n’est pas important d’investir dans la formation à la base des joueurs dès leur plus jeune âge. On pense qu’on peut ne pas budgétiser une participation à la CAN et demander de gré ou de force aux pauvres citoyens de contribuer via des dons. On pense enfin qu’on peut avoir des résultats sans avoir une vision pour son football ou son sport.

 

Tout porte donc à croire que le sport n’est pas une priorité dans mon pays. Que nos autorités politiques en général et sportives en particulier cessent donc de nous faire croire qu’ils veulent le meilleur pour le sport sans y mettre les moyens.

 

Pour l’instant, Claude Leroy – pas exempt de tout reproche sur ses choix tactiques – et ses ouailles sont renvoyés à leurs chères études. La CAN 2017 pour laquelle ils se sont qualifiés in extrémis et qui est « un bonus » appartient désormais à l’histoire. Les éliminatoires de la CAN 2019 pour laquelle il a été demandé au technicien français de qualifier le Togo vont débuter juste après la fin de la CAN 2017. Le chantier qui l’attend semble assez dense : disposer d’une équipe nationale locale compétitive, rajeunir encore plus une sélection A qui l’est déjà avec un fond de jeu et une identité, etc. D’ici là, tâchons de ne pas oublier que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

 

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Commentaires

Yayra
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Pertinents tes écrits. Espérons vivement qu'on tire les leçons de cette piètre prestation. Que nos dirigeants essayent de copier les modèles qui marchent. Le Ghana, à côté de nous, est un exemple parfait.

Anani AGBOH
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Le Ghana est un exemple plus que parfait. Espérons qu'ils essaient au moins de les copier.

della georges
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nous sommes allés à cette CAN pour apprendre et non pour gagner. En bon élève tirons des leçons de ce que nous avons eu comme difficulté et affûtons nos armes pour les lendemains. Le meilleur reste à venir. Georges

Anani AGBOH
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Voilà qui est bien dit!